Témoignage de Maude : Je n’avais plus goût à la vie

C’était il y a huit mois. J’étais heureuse, j’avais trouvé le garçon idéal. Cela faisait trois mois et malgré notre jeune âge (moi 13 ans et lui 14), nous étions bien ensemble.

Enfin, c’est ce que je pensais.

Pour lui apparemment, il en était autrement… Après la rentrée des classes, il est parti au lycée et moi je suis restée la petite collégienne de troisième. Sans rien dire, il m’a abandonnée. Moi qui le croyais sincère et me croyais aimée, je n’étais qu’une fille de passage, une tête de plus à son tableau de chasse.

C’était mon premier amour, celui avec qui je voyais déjà ma future vie ! Mais les rêves que j’avais construits se sont tous effondrés : plus un coup de fil, plus de lettres, plus de regards, plus même un mot… Lorsque j’ai compris, j’étais tellement malheureuse que j’ai annoncé a ma mère : “Je vais faire la grève de la faim. Comme ça, quand je serai à l’hôpital, il viendra me voir et s’occupera de moi !”

J’y suis bien allée à l’hôpital mais il n’est pas venu… Après ça, j’ai commencé à réduire mon alimentation. D’abord j’ai supprimé les desserts (moi qui étais si gourmande !) et puis, petit à petit, j’ai mangé de moins en moins, sautant petits déjeuners, goûters et parfois même le dîner. Quand au repas du midi, je grignotais : seulement deux ou trois grains de riz…

Bien sûr, mes parents et mes frères ont commencé à s’inquiéter, mais je refusais toute aide extérieure. Mes amis, mes profs avaient aussi remarqué mon problème et me prévenaient de ce qui allait m’arriver : la mort ! Pas au sens propre du terme, mais je tuais mon corps, refusant d’échanger mon corps et ma vie de petite fille contre ceux d’une belle jeune femme.

Petit à petit, je me suis repliée sur moi-même, moi qui était si ouverte et toujours gaie. Je ne parlais plus à mes amies, ni à ma famille, je prenais tout de travers, j’avais toujours froid… Je n’avais plus goût à la vie !

Cela a duré quatre mois. Et puis un matin de décembre, réalisant enfin à quel point je me faisais souffrir et faisais souffrir ma famille, j’ai dis stop ! Cela n’a pas été aussi facile que ça, évidemment ! J’ai même passé mon Noël à pleurer : j’ai fait pleurer ma mère et mon frère ! Mais je n’arrivais plus à manger. A chaque bouchée avalée, je culpabilisais. Je ne me sentais pas bien dans mon corps, pas bien dans ma tête et j’en étais consciente. Le 17 janvier, tellement épuisée (n’arrivant même plus à monter des escaliers) et en accord avec mes parents, j’ai demandé l’hospitalisation. Depuis, tout a été très vite : je suis entrée le 18 à l’hôpital et j’y suis restée quatre semaines.

Heureusement que j’étais très motivée parce que, immédiatement mise sous contrat, j’ai passé 4 semaines épouvantables ! Lorsque j’ai dis au revoir à mes parents, je ne savais pas quand est-ce que j’allais les revoir : c’est très très dur ! Au départ, je n’avais droit à rien (pas de livres, pas de visites, ni même de coups de téléphone) : j’étais seule dans ma chambre où j’étais confrontée à moi même, à mon corps.

Là, j’ai compris. Petit à petit, j’ai recommencé à manger. C’était la seule solution pour sortir de cet enfer !

Aujourd’hui, je suis de nouveau très gourmande, je mange normalement et je m’en porte beaucoup mieux : JE REVIS ! Je n’ai plus froid, je rigole et… les formes féminines sont tout de même plus jolies que mon ancien corps devenu cadavérique. De plus, je mange, mais ce n’est pas pour cela que je prends des kilos à chaque repas.

Ma galère m’a quand même été bénéfique puisqu’elle m’a permis de réfléchir sur moi, sur ma vie. Néanmoins, je ne souhaite à personne de passer par là, alors les filles, réagissez avant qu’il ne soit trop tard !

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