J’ai 24 ans, 24 ans de trop je pensais jusqu’à présent.
Mais finalement, je pense qu’il faut que je me batte pour trouver ma place dans ce monde. Si je m’en sors, j’aurai accumulé beaucoup de souffrance mais aussi beaucoup d’expérience…
J’ai été anorexique pendant un an et depuis un an, je suis boulimique.
Hier, je n’en pouvais plus, encore un jour de trop et je n’ai fait que lutter contre cette nourriture pour laquelle j’ai développé une véritable aversion.
Je suis née prématurément avec un faux jumeau. Ma mère n’a pas pu me prendre dans ses bras ni avoir de contact physique avec moi pendant un mois, et à partir de ce moment-là, ma vie a pris une toute autre direction. J’ai été battue très jeune, jusqu’à l’âge de 12-13 ans, mais je ne m’en souviens pas vraiment. Je n’ai pas pu marcher avant l’âge de 3 ans, je n’ai pas pu lire avant l’âge de 12 ans et je n’ai pas pu parler avant l’âge de 15 ans.
Au contraire, j’ai développé une sensibilité extrême et j’ai dû me battre comme un fou pour pouvoir enfin me tenir debout et parler comme n’importe qui d’autre. Autisme, folie de l’esprit, peut-être, mais j’ai dû faire avec.
Aujourd’hui, je suis boulimique, comme hier et comme demain. J’ai frôlé la mort et ce n’est pas aussi terrifiant que je le pensais. C’est plutôt le fait d’imaginer ceux qui restent sur cette terre qui m’a permis de rester en vie. C’est seulement en imaginant la souffrance des autres causée par mon vide que je suis resté ici. Même s’ils se fichent de savoir si je suis encore en vie…
Aberration, n’est-ce pas ? Tout cela pour dire que je “vis” comme une petite flamme qui a tendance à s’éteindre au moindre coup de vent. À tel point que j’ai parfois l’impression que le regard des gens pourrait m’éteindre. Et pourtant, dans la vie de tous les jours, je pense être une personne forte, qui rêve d’être, qui aime passionnément les autres, qui cherche constamment à les aider – je suis d’ailleurs à l’école d’infirmières – et qui veut plus que tout au monde s’en sortir…