Témoignage d’Elisabeth : “La boulimique”

Parler de ma boulimie c’est quelque-chose que j’ai mis du temps à faire. Du coup avant de vous en  parler réellement, je vais peut être expliquer la raison pour laquelle j’ai  décidé d’en parler aujourd’hui: pour exorciser une peine, avant tout. Pour ôter le tabou d’une névrose que les gens ne comprennent pas forcément. Aussi, pour ne pas oublier. Et finalement, pour satisfaire un côté voyeuriste présent chez chacun: concrètement, c’est quoi le quotidien de la boulimique ?

Nous allons procéder chronologiquement. A celui ou celle qui lirait ce texte, désolée d’avance pour le manque de suite et de continuité dans ce qui va suivre; je préfère laisser tel quel, c’est de toute façon assez révélateur de mon état de perdition sur le moment.

Sans rentrer dans les détails de mon enfance il est utile de dire que mes problèmes avec l’alimentation remontent à ma plus tendre enfance. Ayant vécu aux États-Unis, l’alimentation et l’obésité ont toujours été des préoccupations importantes pour ma mère, et j’ai donc été sensibilisée très tôt à la nécessité de bien manger.

Puis une histoire assez chaotique se mets en route pour moi. Mes parents divorcent, je rentre en France pour les vacances pour ne plus jamais repartir chez moi, aux États-Unis. Ma mère se met en couple par la suite à un homme, la tension familiale et les violences sont invivables.  Nous déménageons en cachette. Je rentre ensuite en classe prépa et je me mets en couple avec un jeune garçon. Les deux années qu’ont duré ma relation avec lui ainsi que cette prépa ont été le “trigger”, élément déclencheur de cette période boulimique, qui dure depuis trois ans. J’ai aujourd’hui 21 ans. Bientôt 22. Maintenant, 23 ( j’ai écrit en plusieurs fois ce texte).

Remarquez ici, déjà, que c’est une boulimique qui vous parle. En relisant ces quelques lignes, ce que je viens d’écrire est un flux, vomi de me paroles et de ma vie.

J’en viens donc au premier questionnement que je voulais formuler à propos de la boulimie. Et face auquel je n’ai jamais trouvé de réponse . Est ce que la boulimie fait partie de moi, au sens ou elle est innée, acquise, ou bien est-ce une maladie que je subis, et dont je ne suis pas responsable ? Parce-que c’est là d’où découle cette sensation terrible de la boulimique. Lorsque j’ai commencé à faire des crises, je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Je sortais d’une phase ou je maitrisais tout ce que je mangeais (c’est à dire pas grand chose). J’avais déjà cette obsession de la nourriture. J’adorais voir les autres manger, c’était un sentiment des jouissance assez important. Et je l’alimentais, en cuisinant moultes gâteaux que je ne mangeais jamais.A chaque bouchée que mes proches mangeaient, je décomposais la quantité de beurre, de sucre de chocolat qui rentrait dans leur système et qui allait les faire grossir. Je voyais la couche de gras qui allait se greffer à leur os, je les voyais sales, je me voyais propre, pure. Je me suis mise à rêver de nourriture. Je me réveillais avec la sensation de faim en pleine nuit. J’avais pour ainsi dire tout le temps faim. Je me sentais vivante. Plus mon ventre gargouillait, plus j’avais un sentiment de contrôle important de ma vie. Je mincissais et j’aimais ça. A la fin, je pesais 57kg pour 1m80. C’était pas gros. Mais j’avais toutes les raisons du monde pour continuer à mincir: je prenais une revanche sur la vie, sur ceux qui me complimentaient sur ma perte de poids; au niveau de mes études. J’étais considérée comme une moins que rien, et tout mon temps était consacré au travail. La seule chose que ces profs de  classe prépa n’allaient pas contrôler, c’était mon poids. De même pour mon copain de l’époque. Quand j’étais plus ronde, il me disait que je devais mincir, pour être aussi bien que lui, et que comme ça l’image de mon corps ne le dégouterait pas quand on faisait l’amour. Oui, il m’avait dit que mon corps devait être parfait, à l’égale du sien. “Regarde toi à côté de tes copines, elles sont toutes féminines et apprêtées, à côté. Regarde tes cheveux, à toi, ils ne ressemblent à rien! T’as pas honte?” … Donc je prenais une revanche sur la vie en mincissant. Il me disait que j’étais belle, il était fier de moi; il était fier de son œuvre. Et moi, étais-je fière de moi? Finalement non, ma perte de poids n’était jamais suffisante. Et j’étais trop fatiguée pour être heureuse.

A défaut d’avoir une once de contrôle sur ma vie, mon poids et ma minceur étaient les seules choses qui me restaient. La faim, la fatigue, le froid, la tristesse, tout cela au final était profondément secondaire. J’étais anesthésiée et immunisée contre toutes mes émotions.

Et un jour, cette pulsion, puissante, est sortie de mes entrailles. C’est arrivé du jour au lendemain, sans crier garde. Rétrospectivement je pense qu’il s’agissait d’un cri de désespoir, un cri de secours de mon corps. Il n’écoutait plus mon esprit, et il utilisait mes membres, mes bras pour se remplir. Cette pulsion me dictait, me criait d’aller manger, d’ouvrir les placards, de défoncer littéralement chaque chose qui s’y trouvait. Et c’est terrible parce-que moi qui ai toujours eu une volonté de fer, je me retrouvais en proie à  des comportements que je ne choisissais pas.

La sensation avant de faire la crise était vraiment étrange. Lors de repas par exemple, je mangeais la quantité, très réfléchie en terme de contenu et de quantité. Puis, trou noir; et quand je reprenais conscience, j’avais vidé tout les placards. Pizzas, pain, gâteaux, tous les cadavres s’entassaient sur la table, et j’avais soudain un retour de boomerang violent: “ mon dieu, qu’ai-je fait?”

A l’époque, c’était très clair dans ma tête, je ne pouvais pas re grossir en ayant mangé autant. J’aurais préféré mourir plutôt que de grossir. Et j’insiste sur ces paroles qui, de l’extérieur, peuvent sembler exagérées. Mais c’était pure vérité, j’aurais préféré me jeter d’un pont plutôt que d’avoir une couche de graisse, de gêne, de saleté se former sur mon corps. Donc je me suis fait vomir. Pour la première fois, à Noel, dans la poubelle de la chambre de mes grands-parents.

Et le cercle vicieux était lancé. Ne jamais commencer à vomir: une fois que tu commence tu ne t’en sors plus.  Il fait savoir que physiologiquement, le fait de se faire vomir appelle d’autant plus à remanger derrière. Sans plus rien dans le ventre on fait une crise d’hypoglycémie, donc on doit remanger une pomme, n’importe pour faire passer le mal. Et il suffisait d’une pomme pour déclencher une crise. De fil en aiguille, la boulimie a pris une place de plus en plus importante dans ma vie. Jusqu’à ce qu’elle devienne mon oxygène, finalement. J’inspirais en mangeant pour combler un vide existentiel, j’expirais en vomissant pour me débarrasser d’un trop plein émotionnel que j’étais incapable de gérer. En fait, que je le veuille ou non la boulimie était devenue un mode de fonctionnement.

J’en ai assez vite parlé autour de moi, je ne cachais pas mon mal être pour la simple et bonne raison que j’ai tout de suite eu le sentiment désespéré que j’avais besoin d’aide, besoin d’être aidée. Mais à côté de cela, je cachais la réalité, le quotidien que m’imposait la maladie, que je m’imposais. Les gens ne prenaient pas forcément conscience de l’espace que cela prenait dans ma vie.

En termes d’aide, ma famille essayait tant bien que mal de m’aider, ma mère cachait les sucreries, surveillait mes repas. Elle m’as fait prendre contact avec le service d’addictologie du CHR. Une psychiatre, sur place, m’as prescrit des antidépresseurs, du Prozac®. Mais, plus les doses augmentaient, mois bien j’étais. J’ai commencé à avoir des idées noires, plus sombres que jamais. Je me souviens en train de dire à ma mère, que la vie serait plus simple sans moi. Pour elle, mais pour moi aussi; déjà à ce moment là je commençais à perdre mes forces. J’étais un zombie. Je ne vivais plus. Après un rendez- vous chez ma psychiatre, celle-ci a décidé de me faire arrêter brutalement les antidépresseurs, constant les effets néfastes de ces derniers, et pour palier aux effets secondaires du manque, m’as prescrit du Xanax® (ou Alprazolam®), anxiolytique, qui finalement m’empêchait complètement de réfléchir. Je devais en prendre 0.5 le matin et 0.5 le soir, tout cela pendant une semaine. Mais j’ai continué, et eu une fâcheuse tendance à en prendre plus que recommandé. Surtout quand maman est médecin et qu’elle fait des prescriptions assez facilement.

Et pour moi a commencé une douce décente aux enfers. Le Xanax®, assez fort, brouillait ma vue et venait par vagues d’ondes parasiter ma pensée. J’étais devenue l’objet de tous, mon corps n’était même plus mon propre objet, j’étais un renard jeté dans une fosse avec des ours affamés. On me tirait, on m’emmenait. C’était tout.

Avec l’ex, que nous appellerons E, cela ne se passait pas bien non plus, il était dur à vivre et avait pris pas mal de pouvoir dans la relation. Il me vidait de mon énergie, et m’en faisait voir de toutes les couleurs. Que ce soit faire l’amour pour avoir la paix, me faire enfermer dehors, ou me faire engueuler quand je renverse de l’eau sur la table. Il me disait d’arrêter d’appeler ma famille, que ces derniers ne me faisaient pas de bien, qu’ils ne m’aidaient pas, mais que lui, lui, chevalier de mon cœur nécrosé, roi des aulnes, pouvait m’aider, savait m’aider; il suffisait que je m’abandonne à lui. Que je confie mon âme au roi des enfers qui ferait tout pour moi, il penserait pour moi, mangerait pour moi, vivrait pour moi. Nous étions siamois, et je n’avais droit qu’à un de ses membres.  C’était très malsain pour moi, mais cela devait l’être pour lui aussi. Je pense sincèrement que ce garçon était bon, et n’as jamais voulu me faire de mal, au contraire.  Simplement, il avait lui aussi sa propre histoire à gérer et mutuellement nous ne nous faisions pas du bien. Je dois être assez subjective quand je parle de lui, probablement car je lui en veux toujours, d’avoir autant souffert. Ma rédemption a pu commencer par la suite, quand il m’as parlé lui-même de sa tendance à m’avoir manipulée, consciemment.

Les choses ont pris des proportions très importantes avec lui: nous faisions de l’alpinisme. Mais en montagne, les rapports qu’entretiennent les gens sont exacerbés, il n’y a plus de limites généralement. Et c’était le cas avec E. Déjà, je le suivais partout, car je ne connaissais pas ce milieu ( mais qui par ailleurs me fascinait tant) . Et lui se complaisait dans ce rôle ou il était maitre de ce qu’il se passait. Je n’avais pas mon mot à dire. Parler de ce que j’ai vécu en montagne est encore assez compliqué. Aussi, je ne m’attarderai pas sur le sujet. Simplement, dans cette tumulte d’évènements, je me dois de préciser que nous avons failli nous tuer bêtement, en glissant du haut d’un glacier; en plus de ce qui se passait déjà à l’époque, ça m’as beaucoup fait me questionner sur le sens de la vie et le sens de ma vie. Au lieu de me dire que j’ai eu de la chance de survivre, je me disais qu’au fond cette mort n’était jamais loin de nous. Qu’un rien pouvait finalement tout balayer, et que ma propre mort ne me faisait plus si peur.

A l’époque je travaillais en station, j’y étais réceptionniste en hôtellerie. Il était devenu très compliqué pour moi de fournir un travail correct, d’autant plus quand on a pour collègues des personnes mal intentionnées. Quand on on est faible, on se transforme en victime. Quand on se positionne en victime, on attire les bourreaux. Mes collègues étaient devenues mes bourreaux: ayant fait l’erreur de me confier à elle par rapport à la boulimie, elles se sont mises à m’accuser de voler de la nourriture. Elles m’espionnaient, me haïssaient. J’avais beaucoup de mal à gérer la situation, car mon mal-être m’imposaient des “ chaos boulimiques”, et qui m’imposaient de me mettre dans des positions inconfortables: seule dans les rues de la station, avec nul part ou dormir, je errais en cherchant tous les commerces ouverts. Pour ne pas faire louche, j’achetais dans chaque, un truc salé à manger puis un truc sucré. Genre Hamburger, et muffin. Et je devais faire 7 snacks différents; soit un paquet de fric. Quand j’en avais plus parfois j’allais rechercher dans les poubelles, ou je demandais des avances aux mecs des snacks ( qui me devaient bien ça, vu tout le fric que je leur donnais…).

Entre ces soucis de travail et de boulimie, la situation a vite dérapé: ma collègue est devenue agressive devant les clients. Le patron étant dans la pièce a côté, mais personne n’as rien dit. Personne. Parce qu’il y avait conflit d’intérêt, comme toujours. Je suis partie du jour au lendemain, et je n’y ai jamais plus remis les pieds.

Ci fait, j’étais ma propre bouteille à la mer, je n’avais plus de raisons de rester en station, outre le fait de rester auprès d’E. Et ça, comme je l’ai dit plus haut, ça me menait à ma propre perte. Et c’est à ce moment la que mon instinct primitif, ontologique, est réapparu. Il m’as dit fuis, aussi loin que faire se peut, ôte toi de ces griffes, ôte toi. Fly away baby. Good Luck. Donc j’ai pris un aller simple pour Berlin, pour aller vivre chez mon père. Et j’ai quitté E. Et la, pour faire court, j’ai fait la fête. J’ai pris des petites pilules, pleins de toutes les couleurs et plus jolies les unes que les autres. Mais je me sentais terriblement seule. Et c’est la que la dépression m’as prise de plein fouet: du jour au lendemain, comme tout accroc, la bouffe comme médicament, comme subterfuge, a cessé de fonctionner. Je me suis retrouvée seule face à moi-même; Mon corps avait développé une trop grande tolérance, et il m’en fallait toujours plus. En soi c’était difficilement possible, à l’époque je vomissais déjà 5 à 7 fois par jours.

J’achetais de la nourriture de façon frénétique, j’étais obsédée. La nuit, je rêvais que je mangeais, ou que je plongeais dans une mer de gâteau. Puis, je me réveillais en sursaut, pensant que je n’étais pas allée vomir. Ça a pris des proportions telles que j’ai eu une fois ou deux des hallucinations. J’étais allongée dans mon lit, avec une légère lumière tamisée, et j’attendais qu’Orphée vienne me chercher. Et la, les yeux ouverts, pendant quelques secondes, un chat est apparu devant moi. Assis, noir,  et enveloppé d’une halo violet, il me regardait dans les yeux. Ou plutôt, ses yeux me transperçaient, me sondaient, jusqu’au plus profond de moi-même. Ce chat, me disait, de ses yeux: “ ne t’inquiète pas ma jolie, je suis la. Tu pense pouvoir te détendre? Tu pense, le temps d’une nuit ou lors d’un instant de répit, oublier tes problèmes? Ci fait, je suis là et je t’observe. Et si toi tu as l’illusion de m’oublier, ne t’inquiète pas car moi je suis la. Et je serai toujours la et je ne t’oublierai pas. Je te hanterai jusqu’au plus profond de ton être, et tu n’aura plus ni matin ni soirs de paix.”  Encore aujourd’hui, ce chat, symbole de mon mal, me laisse perplexe: s’agissait-il d’une incarnation de ma maladie? Ou s’agissait-il d’une part de moi-même? Mon mal était-il inhérent? Ou était-ce, comme un rhume, une simple maladie? Je n’ai jamais trouvé la réponse.

Comme je le disais, la boulimie à l’époque régissait ma vie. Je vomissais, pour ne pas être vue, dans des bassines entreposées dans ma cave. Mais ne pouvant les vider régulièrement, j’entassais dans ces bassines des vomis de plusieurs jours voir semaines. Ils pourrissaient, des larves et des vers venaient s’y installer. Mais c’est pas grave, faut ce qu’il faut et quand faut vomir, faut re vomir par dessus. That’s life. Idem, mes vêtements et mes cheveux étaient étoilés de vomi, j’avais trop tendance à l’oublier. Je devais sentir le vomi.

Et puis c’était cher, d’être boulimique; car plus on mange, plus l’estomac s’agrandit et plus t’as besoin de nourriture pour le remplir. Mais pas n’importe quelles nourritures, tout ce qui était de plus sale était le meilleur: j’enchaînais lors d’une crise et mangeais une pizza, un pot de Nutella®, un paquet de céréales, puis des pâtes ou du pain, et je me terminais avec des gros donuts bien gras. Souvent, j’alternais salé et sucré pour que ça passe mieux ( au bout d’un moment on est un peu écœuré quand même). Ça c’était les bonnes crises aussi. Quand je n’avais pas de sous ou que je volais, ou allait récupérer dans les poubelles, il m’arrivais de manger de la pâte à pizza crue, du riz cru, un pâté entier sans pain, ou un pot de crème fraiche avec du sucre. Ou avec de la moutarde, s’il n’y avait pas de sucre.

Autant, si la première bouchée que j’avalais me semblait être un nirvana, me donnais cette dose d’adrénaline, me faisait jouir, le reste de la crise était souffrance. J’avais mal au ventre, je ne pouvais plus marcher, plus me baisser tant mon ventre était plein. J’avais des suées froides. Mon ventre était, paradoxalement, similaire à celui des nourrissons africains en malnutrition. Il était gonflé, il était informe, il était infâme.

C’est à ces moments la que vomir devenait une urgence. Ou, quand comment? Vomir, quel soulagement! Je vomissais dans mes toilettes quand je le pouvais. Mais quand il y avait du monde, quand jetais dans la rue? Pas grave, j’allais derrière des buissons, je vomissais dans des sacs plastiques dans des garages, je vomissais dans les toilettes publics, je vomissais dans l’immondice qu’ils appellent toilettes dans les trains. Je vomissais partout. Y avait-il du monde avec moi? Pas grave, je savais vomir en silence. Je savais me nettoyer rapidement, efficacement. Et puis, j’étais rodée: je mangeais en alternant avec de l’eau pour vomir plus facilement; je savais que le chocolat cela se mange en dernier parce-que c’est ce qui a tendance à se coller a fond de ton estomac et c’est plus dur à vomir. Je savais que comme tu ne vomis jamais tout ce que tu as dans le ventre, il vaut mieux commencer la crise par un aliment assez neutre, une sorte de coussin au fond de l’estomac, pour être sur de ne pas grossir. Je savais aussi qu’il ne fallait pas manger de flocons d’avoine: ils gonflent dans ton estomac, et créent des amas super compacts, et surtout, super douloureux à vomir. Je savais aussi que sauter avant de vomir, permettait de mélanger un peu les aliments, et facilitait le vomis. Finalement, je savais ce que je vomissais: dans l’ordre de ce que j’avais mangé, je reconnaissais à la texture et au gout et à la couleur, et à la manière de le vomir, l’aliment que j’avais mangé pendant ma crise et que j’avais oublié parmi tous les autres aliments. Je savais à quel moment je mangeais du pain; ça me faisait, à cause de la croute, des griffures le long de l’œsophage.  Et je savais prétexter une allergie pour justifier la rougeur de mes yeux dont les vaisseaux éclataient à force de pousser, tirer sur mon être. J’avais donc la gorge irritée, je n’arrivais plus à déglutir. J’avais les mâchoires gonflées, et je vomissais du sang. Et malgré tout, cela me soulageais. A chaque vomi, j’accouchais d’un enfant mort-né. Ça fait mal, sur le coup, aussi après, mais tu rétablis l’ordre naturel des choses. Les quinze minutes suivant ma crise, j’étais sereine. Jusqu’à la suivante, car crise d’hypoglycémie oblige, je remangeais et refaisais une crise. Et il s’agissait la d’un cycle infernal dont il est très, très difficile de se sortir. A la différence d’un drogué, qui à force de conviction peut vivre sans toucher une goute d’alcool dans sa vie, ou l’héroïnomane qui peut laisser ses sereines de côté, nous sommes tous obligés de manger, à un moment ou à un autre de la journée. Pour moi, marcher dans la rue et passer devant des devantures, aller faire ses courses, c’était comme vivre dans un monde chaotique et retors, ou on te vends dans la rue des doses de coke, de crack, ou d’herbe, et qu’on t’en fait de la pub partout: venez dans tel magasin, regardez ici le gramme est un peu moins cher que chez le concurrent! Absurdité absurde. Et le restaurant! Quelle imposture! Et manger avec ‘autres personnes! Personnes indécentes, qui osent te cracher à la figure que la, vraiment, pfiou ils n’ont plus faim et se sentent repus! Infamie ! Parce-que toi, tu ne l’as plus jamais cette sensation de satiété, toi tu n’as plus rien! Si on ne te donne pas du chocolat ou des hamburgers, si tu essaie de manger quelque-chose de plus doux, subtile, tu ne sentira rien! L’orange n’as plus de gout, tu ne sens plus le gout tellement tu as défoncé tes papilles gustatives à coup d’acide! Rien n’as plus de gout, sans crise, même ta vie n’en a plus! Tu es mort, si on te donne des fruits, et tu n’est plus rien, plus rien. Tu es moins que rien. Tu es déjà morte à l’intérieur.

Et ça c’est ton corps qui le fait bien comprendre. Parce-que à force de vomir, t’es déshydraté, ta peau est sèche comme un crouton. Tes cheveux tombent, tes dents se déchaussent avant tes 30 ans, ton corps te laisse tomber: tu développe des douleurs avec toutes ces carences, tes muscles crient, ton cœur aussi: le potassium régule ton rythme cardiaque, et c’est la première chose que tu vomis. Donc tu sens ton cœur se dérégler, tu sens qu’il n’y arrive plus, qu’il pompe du mieux qu’il peut mais c’est jamais assez bien; et que si tu continues à vomir il va te lâcher et tu va mourir comme une pauvre merde dans la cuvette de tes chiottes à force d’avoir pompé et vidangé ton estomac. Le simple fait de parler de ça me donne envie de vomir . j’ai maintenant développé ce réflexe d’avoir la gorge qui se noue, les muscles de l’estomac qui se contractent quand une émotion forte me prends. Ici, je revis la douleur et la saleté, être souillée par toi même.Te scarifier l’estomac. J’aurais bien aimé me scarifier plutôt que de vomir; mais non, mon truc c’était la bouffe, la scarification ça marchait pas pour moi. Me direz vous, vomir c’est pareil, c’est ni plus ni moins que de la scarification…

En quelque-sorte, et c’est tout le paradoxe de la boulimie, je mangeais pour remplir et combler un vide existentiel. Le vide de ma vie, de l’incompréhension du monde, de mon passé, de mon futur. Mais une fois que j’avais mangé, c’est ce trop plein émotionnel qui m’envahissait et chaque musique, chaque souvenir résonnait en moi et me faisait tant vibrer que les fondations de ma pyramide s’ébranlaient. Je m’en débarrassais en vomissant.

Comme je le disais plus haut, est arrivé ce point de non-retour ou je me retrouvais avec mon addiction au sucre et à la bouffe, mais j’en avais perdu l’effet médicament -sur le court terme, bien entendu- -sur à peine 15 petites minutes-. Mais c’était 15 minutes de répit. Et multiplié par le nombre de crises dans la journée, parfois je pouvais espérer 1h ou un peu plus de répit dans ma journée . De répit de ma souffrance. Mais je les ai perdues .

Et la nouvelle phase dans ma descente aux enfers; je pense qu’il s’en est agit de la phase la plus puissante et noire de cette descente. Je tacherai de faire simple car il demeure encore très difficile de parler de dépression. Surtout parce qu’on passe par des émotions ( ou des non émotions d’ailleurs) si étranges que t’as l’impression que personne ne pourra jamais les comprendre… La dépression, t’es mal quand t’es seul, t’es mal quand t’es avec les autres. T’es mal quand tu veux partir mais t’es mal quand tu reste.

Tu es mal, tu as mal. Tu es ton propre mal.

J’avais toutes les raisons du monde pour pleurer, mais je n’avais aucune raison pour m’arrêter de pleurer.

En fait, toutes mes forces m’avaient quitté. J’étais comme les gens de Dublin (James Joyce): j’étais paralysée, je marchais comme cycles. J’étais paralysée par des cycles sans fins qui étaient un perpétuel recommencement et donc une souffrance. Je pensais à la mort, je vivais avec la mort. J’en étais arrivée  à un stade ou je m’asseyais sur des bancs dans la rue et je n’arrivais plus à rentrer chez moi, j’étais morte. J’attendais que le temps passe, j’attendais que la vie me quitte définitivement; ou revienne? J’ai toujours laissé le bénéfice du doute. Même entretenir une hygiène élémentaire devenait compliqué.

Quand malgré tout je prenais un bain, je plongeais la tête sous l’eau, comme si je retournais dans le ventre de ma mère, chose dont j’aurais rêvé. Protégé du monde, des problèmes, de toi même. Mais la mort est la, et elle te fait de l’œil. Ça parait si simple…

La mort au fond, pendant la maladie elle te deviens familière. Elle t’accompagne, elle flotte au dessus de ta tête. C’est une amie acide, amère, qui ne te laisse aucun répit. Elle t’accompagne quand tu marche dans les couloirs d’un immeuble, et elle guide ton regard vers la fenêtre ouverte. « Tiens, ça te dit qu’on aille voir ce qu’il y a en bas? Qu’on teste, voir si en sautant on s’envole? »

C’est celle qui t’accompagne aux toilettes. Elle te dit de regarder ces produits ménagers: «  viens, on essaie de boire dans cette bouteille, ou il y a une tête de mort marqué dessus? »

C’est celle qui, quand tu marche dans la rue, te murmure à l’oreille:  «  tiens, il y a une voiture qui passe, glisse toi dessous, je suis sure que ça fait même pas mal ».

J’avais peur à cette époque; peur de ce dont j’étais capable. J’avais peur des balcons, peur des fenêtres, peur de moi même.

Je me souviens avoir pris l’ascenseur, une fois ou j’étais enfermée dehors pendant trois jours, avec mon père qui était parti vivre sa vie avec une de ses copines, ( je ne lui en tiens pas rigueur du reste, il a lui, déjà beaucoup à faire avec sa propre personne).  J’allais chez un de ses collègues qui m’hébergeait généreusement. Dans cet ascenseur je me suis retournée et j’ai vu quelqu’un qui me fixait avec des yeux perçants. Un étranger total. Je me rapproche et il me fixe de plus belle. Il m’as fallu entre 5 et 10 secondes – les plus longues de ma vie je pense, avec ce presqu’accident en montagne- pour me rendre compte que j’étais face à un miroir et que cet étranger que je voyais n’était autre que mon propre reflet. Pour dire, j’étais totalement étrangère à moi-même et à ma personne.

Mais j’étais aussi étrangère à ma famille, je leur faisait peur. Rétrospectivement, ma sœur m’as avoué récemment qu’elle avait peur quand un numéro inconnu l’appelais; pour elle, on allait l’appeler pour lui annoncer ma mort; mort dont je leur parlais régulièrement. “Papa, j’ai envie de mourir”, lui ai-je dit. Ou encore, à un petit ami de l’époque, je lui disais: ma vie a été tellement belle jusqu’à maintenant, c’était si joli, pourquoi ne pas s’arrêter la pour éviter de ternir ce bonheur, pourquoi s’acharner? Si je meurs aujourd’hui, je suis sure de garder ( jusqu’à peu de temps avant la fin du reste) de beaux souvenirs.

A ma mère, que j’avais régulièrement au téléphone, je ne pouvais pas parler. Elle essayait de comprendre ce qu’il se passait, elle essayait de rentrer en communication avec moi, elle en France, moi en Allemagne. Mais moi je ne pouvais pas, je n’y arrivais pas. Tout ce que j’arrivais à dire c’est “maman, j’ai mal.”

  • Mais pourquoi, que s’est-il passé?
  • aide moi,maman, j’ai mal.
  • Tu veux rentrer en France? J’ai un contact si tu veux te faire hospitalier pour te reposer, le temps qu’il faudra tu sais.
  • Maman, j’ai mal,maman. Mon corps me fait mal…”

Ceux qui m’aimaient avaient peur pour moi, aussi ils ne voulaient plus me laisser seule, même pour 24h.

J’avais écrit un peu à l’époque, à défaut de réussir à expliquer mon mal aux autres. Je vais simplement vous donner tel quel ce que j’avais écrit à ce moment la. Je pense que c’est plus parlant que tout ce que j’ai essayé de vous décrire de la dépression jusqu’à maintenant:

“Récemment j’ai fait pas mal de crises et je ne comprenais pas pourquoi. Ce soir je crois que j’ai le contre coup; je suis triste. Triste du temps qui passe, triste de mon présent et apeurée par un avenir que je ne sais pas lire et sur lequel je n’ai aucune visibilité. Ma famille me manque, mes amis me manquent. Les choses perdent doucement de leur sens et viennent se confondre dans une brume qui m’aveugle. Je tâtonne, je cherche sans jamais trouver. Pour quelle raison déjà suis-je partie en école d’Architecture? Alors que c’est quelque chose qui me tenait tant à cœur ? Pourquoi la montagne est une course ? Pourquoi je cours? Et en même temps pourquoi suis je paralysée? Pourquoi suis-je bloquée par deux antonymes en même temps? Et pourquoi tant de pourquois?

Je suis fatiguée, je veux revenir dans le ventre de ma mère, me cacher en son sein et ne jamais en ressortir. Sentir le monde extérieur par de légers bruits sourds, dans un monde intérieur calfeutré par une douce pénombre . Et me sentir protégée, et ne pas avoir à me poser de questions. Vivre par procuration.

Je suis trop seule. Et j’ai peur du temps. Et de la mort, qui sépare les gens pour toujours. Je ne peux pas me séparer de ceux que j’aime c’est trop dur. Étienne je ne peux pas. “

“Quand tu es déprimé et que tu es coincé avec  cette chose, cette chimère dont le poids t’écrase et t’immobilise, c’est la ou cette fausse réalité te saute aux yeux: je ne peux pas rester comme ça toute ma vie; je ne peux pas rester cette pauvre tache, cette espèce d’immondice qui dégoute les autres mais qui te dégoute tout autant toi-même.  Les autres, autour de moi bougent, avancent, font et ont la possibilité de donner un sens à leur vie. Pas facile non plus, mais ils n’ont pas les pieds et mains liés par une chaine qui les emprisonne. Et c’est ça la dépression: à quoi je sers? Quel est mon rôle sur cette planète puisque de toute manière je ne PEUX rien faire? Ce n’est pas que je ne veux pas, mais je ne peux pas.”

Après cette phases de chaos, est venue la phase de la reconstruction ,ou je me suis mise à remonter la pente. J’y viendrai quand j’aurai un peu plus de courage; maintenant j’ai beaucoup écrit et je suis fatiguée.

Alors, me voici pour la suite des évènements. J’étais très mal seule à Berlin et mon père a préféré me renvoyer en France pour que je sois près des structures hospitalières. Je devais me faire interner, mais le manque de place m’obligeait à attendre plusieurs mois. La dernière chance que je me suis laissée, c’était le contact d’une psychologue qu’on m’avait donné. J’ai pris rendez vous, sans trop y croire. C’était la dernière chance que je me laissais pour guérir et aller mieux. Et j’ai bien fait de m’accrocher car la première rencontre sonnait le début d’une longue guérison.

Cette dame, m’as permis de me décharger d’un poids; maintenant elle était la et je pouvais compter sur elle. Elle m’as dit: “ à partir de maintenant si on se décide à se voir, on va signer un pacte. Tu ne passera jamais à l’acte, parce-que dès que t’es borderline, tu m’appelle. Tu m’appelle, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Tu m’appelle.” Et la je me suis dit que ça y est, ça allait enfin bouger.

J’ai entamé six mois, ou sans formation, sans rien, j’ai travaillé sur moi. Je voyais cette dame deux fois par semaine; et à côté je passais mon permis. Les séances étaient avec elle très éprouvantes. Pour la première fois j’ai ouvert ma mémoire, et me suis permise d’appréhender et redécouvrir mon passé. Passé que je ne cherchais pas à comprendre, mais qui finalement, étaient cette chimère dont je parlais ci-dessus. Ça a été dur, je ravivais des choses qui m’avaient rendues tristes, ou qui m’avaient traumatisées. Chez cette psy, c’était un laboratoire. Parfois je pleurais, parfois je riais, j’ai même réappris à me mettre en colère. Parfois aussi, j’étais tellement mal que je n’arrivais pas à parler. Alors, elle me faisait faire des exercices de relaxation. Une fois, elle m’as prise dans ses bras et comme une petite fille et j’ai pleuré, encore et encore, toutes les larmes de mon corps, nichée sur son sein.

Et puis petit à petit j’ai commencé à aller mieux. Les crises restaient aussi présentes et handicapantes, mais à côté de ça je recommençais à sourire, et avoir des perspectives d’avenir. Ce qui m’as beaucoup aidé aussi, c’est une amie, R avec qui j’ai passé beaucoup de temps à ce moment la. Elle non plus n’était pas au top de sa forme, mais finalement, nous avons réappris à vivre ensemble. On s’organisait des sessions bricolage, perles, dessin, lors desquelles, nous parlions beaucoup, de tout et de rien. On portait des regards sur nos vies, sur nos passés, sur comment on voyait les choses.

Elle, R, dessinait ( et dessine toujours du reste!) très bien, j’ai souvent été impressionnée par son talent. Moi, j’avais plutôt décrété que je ne savais pas dessiné. Pour mon anniversaire, elle est arrivée avec un petit carnet et des feutres en guide de cadeau; elle m’as dit, “ tiens, maintenant c’est ton tour, à toi de dessiner.” Elle m’a en quelque-sorte légitimé dans ma capacité à créer, elle a cru en moi. Et j’ai dessiné, de plus en plus. Sans jamais avoir été une artiste, cela m’as beaucoup aidé à extérioriser ce qui se trouvait en moi. Parfois je dessinais quand j’étais mal; puis une fois le dessin fini, je le regardais et je comprenais ce qui se passait dans ma tête.

Enveloppée dans mon petit cocon, entourée de ma famille, de mes amis et de ma psy, j’ai donc remonté la pente, jusqu’à ce que je trouve assez de force pour déménager de ma ville et prendre mon indépendance. J’ai repris des études, j’ai appris à vivre seule, réappris à vivre avec les autres. Je me suis guérie de ma dépression et je ne regrette pour rien au monde de m’être battue parce-que ça en valait la peine. Et je pense en être ressortie bien plus forte que ce que je n’étais avant. J’ai beau être jeune, heureusement que toutes ces prises de consciences je les ai eues pendant ma vingtaine, et qu’elles ne me sont pas tombées dessus à mes 40 ans; j’ai la certitude que jamais je ne me dirai “mon dieu, qu’ai-je fait de ma vie?”. Parce qu’aujourd’hui, tout ce que je fais, je le fais par choix, réfléchi, parce-que j’ai appris à me connaître et que je sais désormais ce qui est bon pour moi. Je ressens encore aujourd’hui les choses de manière intense, lié certainement à mon hypersensibilité, mais cela ne me fait plus souffrir. C’est devenu une force et non plus une faiblesse.

Alors certes, des petits restes de ma boulimie subsistent, et aujourd’hui encore je lutte contre des pulsions qui sont désormais plus physiques qu’autre chose. Mais je sais qu’au moment voulu j’aurai emmagasiné assez de force pour vraiment lâcher le truc. Et le plus important je pense, c’est qu’aujourd’hui, et pour la première fois depuis longtemps, je peux dire que je suis heureuse.

En tout cas, à celle ou celui qui lira ce témoignage, sache, et n’oublie jamais une chose. Si un jour tu n’as plus d’espoir, et si tu n’as plus la force de te battre, eh bien détrompe toi, il y a et il y aura toujours moyen de guérir des troubles alimentaires et de la dépression. Et si un jour toi tu n’y crois plus, laisse les autres, ceux qui t’aiment, y croire pour toi. Reste indulgent face à toi même et quand ça ira mieux, tu pourra t’autoriser à croire en toi aussi.

Pour aller mieux, sans se mentir, ça prends du temps et c’est compliqué. On passe par des rechutes on est frustré, on a l’impression de régresser. Mais il faut garder à l’esprit que ce n’est qu’un ressenti et que ces phases down sont normales.

Finalement, pour clore à ce pavé (chapeau à ceux qui ont tenu jusque la!): haut les cœurs, mes amis, et comme on dit par chez moi, “ saque n’dans” et tout ira bien.

Élisabeth

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